Mardi 12 novembre, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a décidé que «les produits alimentaires originaires de territoires occupés par l’État d’Israël doivent porter la mention de leur territoire d’origine». Pour la cour, apposer «la mention selon laquelle l’État d’Israël est leur "pays d’origine", alors que ces denrées sont en réalité originaires de territoires disposant chacun d’un statut international propre et distinct de celui de cet État (…) serait de nature à induire les consommateurs en erreur».
Depuis, ce verdict a créé une vague d’interrogations, notamment au sein des Parlements de chaque Etat membre de l’Union européenne. Le 19 novembre dernier, la Chambre des représentants de celui des Pays-Bas a adopté, par 82 voix contre 68, une motion non contraignante déposée par l’élu Joël Voordewind, du parti conservateur Union chrétienne (ChristenUnie), appelant le gouvernement néerlandais à s’opposer à la décision de la CJUE sur les produits d’Israël en provenance des terres palestiniennes.
Pour les auteurs du texte, imposer cet étiquetage à Israël serait «discriminatoire». «La motion demande au gouvernement néerlandais de dénoncer le traitement discriminatoire infligé à Israël par la CJUE, soulignant que la décision de la Cour ne s'applique pas aux marchandises en provenance d'autres territoires considérés comme occupés», écrit The Jerusalem Post le 21 novembre dernier, avant de citer «le nord de Chypre et le Sahara occidental», comme exemples.
Quand les relais du Polisario grossissent puis déforment une information
De quoi mobiliser les relais médiatiques du Front Polisario. Ce mardi, plusieurs d’entre eux, à l’instar de SNN Sahara et Sumoud Sh, assurent que le Parlement néerlandais «veut généraliser l’étiquetage des produits provenant des territoires occupés et à leur tête le Sahara occidental». «Le projet de résolution, qui sera présenté lors du débat sur l’adoption du budget du ministère des Affaires étrangères pour 2020, appelle le gouvernement néerlandais à prendre des mesures au niveau de l'Union européenne afin de garantir l'application de l'étiquetage des denrées alimentaires provenant des territoires occupés dans le contexte de l'information des consommateurs», expliquent les relais médiatiques du Polisario, citant des «sources informées».
En réalité, les députés néerlandais, qui qualifient la mesure de la CJUE contre les produits en provenance d’Israël de «discriminatoire», souhaiteraient plutôt son blocage au lieu de sa généralisation. D’ailleurs, l’ambassadeur d'Israël aux Pays-Bas, Naor Gilon a été le premier à «remercier les membres de la Chambre des représentants pour leur soutien», après le vote de cette mouture. Selon le média néerlandais Joods, l’ambassadeur «a exprimé l'espoir que les dirigeants néerlandais "adopteraient leur propre recommandation et ne mettraient pas en œuvre cette résolution discriminatoire"» si jamais elle était appliquée dans l’UE».
Thanks @JoelVoordewind and all the supporters of this motion. I hope that in case the Dutch government fails to persuade the EU to implement only if applicable to all territories in dispute, they will adopt their own recommendation and not implement a discriminatory resolution https://t.co/DCgC7oeukx
— Naor Gilon (@NaorGilon) 19 novembre 2019
De plus, aucun des relais médiatiques du Polisario ne précise que la motion déposée par le parti Union chrétienne reste, comme le soulignent les médias néerlandais, non-contraignante au point qu’elle n’a pas fait réagir le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Stef Blok. «La résolution adoptée, appuyée par les groupes chrétiens de la Chambre basse et par la coalition gouvernementale, ne force pas le gouvernement à agir et est en grande partie symbolique», affirme Joods.